Je termine ce livre bouleversée après être passée par toute la gamme possible des réactions d’une lectrice lambda qui, tout en connaissant l’architecte Frank Lloyd Wright et ses belles réalisations, ignorait tout de sa vie privée. Autant dire que je suis passée par bien des émotions durant la lecture de ces 540 pages (Buchet/Chastel éd.). Tout d’abord, j’ai failli abandonner dès la première partie tellement l’histoire de l’infidélité du couple Frank Lloyd Wright et Mamah Borthwick Chesney, chacun marié de son côté avec 9 enfants à eux deux, me semblait convenue et désormais banale mais l’intérêt est venu dès leur fuite en Europe et s’est accru avec la rencontre entre Mamah et la féministe suédoise Ellen Key dont elle voulait devenir la traductrice au point de ne pas suivre son amant lors de son retour en Amérique. Quant à la troisième partie, le divorce de Mamah et les retrouvailles avec ses enfants, la construction de Taliesin, leur maison commune à elle et Frank mais près de la famille de celui-ci et la fin surtout, je l’ai trouvée d’une grande intensité dramatique. J’ai avalé ce récit, le cœur battant, d’autant plus que je savais l’histoire vraie puisque, comme journaliste, la romancière avait fait de sérieuses recherches avant de se lancer dans son récit.
La grandeur de ce roman tient avant tout pour moi au fait que ce ne soit pas une simple histoire d’amour contrarié, violemment rejeté par la société et la presse de l’époque mais c’est surtout l’évocation plus ample de la difficulté d’être une femme libre en ces premières années du XXe siècle qui est au centre du récit.
J’ai longtemps été partagée entre deux sentiments contradictoires: le rejet et l’agacement devant la légèreté des personnages quant à l’abandon de leurs enfants. Ceux de Mamah n’avaient alors que deux et sept ans si je me souviens bien. Pour moi, il n’y a rien à faire, excuser un tel comportement m’est difficile. D’un autre côté j’ai admiré la prise de position féministe qu’elle a adoptée par la suite et son courage pour affronter tous les moments de détresse éprouvés au cours des nombreuses épreuves vécues dans la solitude la plus complète. Le personnage de Frank Lloyd Wright ne sort d’ailleurs pas grandi de cette histoire me semble-t-il. Je l’ai ressenti comme trop égoïste et léger pour être attachant. Ceci dit, j’ai beaucoup aimé ce livre et je vais poursuivre avec quelques recherches sur ces personnalités remarquables mais fragiles aux destins si tragiques .
C’est une lecture commune avec Enna , Jules, Sylire et Sophie/Vicim
Loving Frank par Nancy Horan (Buchet-Chastel, Traduit de l’américain par Virginie Buhl 2007/2009, 540 p) Titre original: Random House
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